MERCREDI 11 AVRIL Après un rapide rangement de l'appartement d'Alexis, nous nous mettons en ordre de bataille pour les douze coups de midi. Objectif du jour : rallier la petite ville de Sumner à 60km. Nous sommes extrêmement excités à l'idée de mettre le cap à 180 degrés Sud ! Au sortir de Bellevue, nous empruntons la large piste cyclable qui longe le lac Washington sous une pluie fine mais pénétrante. Nous saluons les grandioses usines Boeing que nous avons vues jeudi dernier près de l'aéroport. La pluie s'intensifie mais le thermomètre reste au dessus des 10 degrés : pas de quoi décourager l'équipée ! ![]() Nous décidons de nous arrêter dans un gentil Wendy's au coeur de la zone péri-urbaine de Renton. Nos objectifs sont explicitement mentionnés et dictent nos choix culinaires : pour une prise de masse adéquate, Thom se dirige vers un vilain double burger alors que JB préfère affuter sa silhouette en vue de la Californie et se rabat sur une idéale Salade César. Nous reprenons notre route vers Sumner à bord de notre soucoupe roulante. Tels la Sky Team, nous filons à plus de 20km/h de moyenne sur la piste cyclable flambant neuve qui longe les rails. Nous tentons de transformer notre carrosse en locomotive, sans succès. Nous nous vengeons donc en escaladant un train lubrique et espérons qu'il ne se mette pas en route. La fin du trajet se déroule sans soucis, nous constatons que notre engin du diable n'est pas seulement un moyen de transport mais bien une véritable aire de jeu. La vidéo suivante vous donne un aperçu du niveau qui règne à bord : ![]() Nous arrivons à Sumner toujours sous la pluie et trouvons refuge dans un sympathique cycle store où la magie de notre carrosse opère naturellement. Désireux de féliciter un si beau magasin, nous achetons un klaxon orignal ayant la forme d'une baleine. Nous nous consolons ainsi de n'avoir pas passé le pas du Whale-Watching quand nous étions à Seattle. Nous complétons nos achats par deux bidons pour y glisser de l'eau. Ces typiques mécaniciens nous indiquent un motel au bout de la route. En chemin, JB insiste pour faire escale dans une petite boutique de guitare. Nous faisons la connaissance de son rustre propriétaire, bien plus proche de l'esprit biker-route 66 que du Vianney-Julien Doré. Ce gentil monsieur, nous précise que le motel est connu pour les sombres larcins qui s'y produisent fréquemment. On lui demande alors une chambre chez lui mais il décline poliment. Désireux de préserver nos affaires, nous choisissons finalement l'option nuit chez l'habitant et après 5 tentatives infructueuses mais formatrices, Steve et Jessica nous offrent le gîte dans leur charmante maison qu'ils ont acquise en 1983. Nous en profitons pour faire connaissance, c'est un couple typiquement américain et heureux. A la retraite à 53 et 57 ans, ils profitent de la retraite à bord de leur camping car. Ils sont de fiers de leurs enfants et se montrent terriblement généreux à notre égard. Nous allons ensuite dîner en ville dans une gourmande pizzeria avant de nous endormir les jambes bavardes après cette première journée de descente vers Portland. Nous partageons un lit comme à notre habitude : bonheur, on a l'impression d'être en vacances chez nos grands parents. JEUDI 12 AVRIL Après une bonne nuit chez Steve et Jessica, on prend une douche plaisir. Thom mange une clémentine et Jb une banane. On salue et remercie chaleureusement nos hôtes. Il est 9h30, nous sommes devant la maison et il commence à pleuvoir. On se fixe l’objectif de 10km pour s’arrêter dans un coffee au bord de la route pour y déguster un café matinal. Il s’avère que ces 10 kms nous paraissent excessivement longs à cause d’une pluie battante et d’un froid glacial. Il est 10h13 quand nous nous regardons les yeux dans les yeux et que nous nous demandons ce que nous faisons sur une Rosalie dans la campagne américaine sous ces trombes d’eau. Gelés, nous trouvons refuge dans un McDo. Le premier dans lequel nous nous aventurons. Avant d’y passer une quelconque commande nous profitons des sèche-mains extrêmement chauds pour sécher nos gants, cuissards et chaussettes. Nous commandons un affreux petit-déjeuner dans lequel Thom a le plaisir de découvrir un sandwich dans lequel le pain est imbibé d’un obscur sirop d’érable. Nous nous consolons rapidement avec les classiques chicken nuggets et un cheeseburger pour l’ambiance. Nous établissons nos quartiers dans le McDonald dont nous ne repartirons qu’à 14h. Après avoir pris le temps de mettre à jour notre blog, de discuter avec les américains curieux de notre véhicule et qui veulent tous savoir si nous le faisons pour du fundraising. La réponse est oui ! Nous pédalons pour financer 8 bourses scolaires ESSEC dont bénéficierons 8 étudiant à la rentrée 2018 (voir rubrique bourses sociales ESSEC). Nous profitons des happy meals pour nous faire offrir deux peluches de baleines car ce sont des animaux que nous affectionnons de plus en plus. En repartant, la pluie s’est franchement calmée. Par peur d’avoir à nouveau froid, nous l’avons joué all-in, c’est-à-dire qu’on a tout simplement enfilé tous nos vêtements chauds. ENORME ERREUR. Trois cents mètre après le départ, nous sommes victimes d’une pause technique pour enlever des couches. On peut enfin lancer notre journée de pédalage de facon sérieuse. Il nous reste à ce moment là 53 kms à avaler et nous avons choisi l’option fôret/montagne plutôt que la piste cyclable le long des voies ferrées. C’est un pari audacieux avec un tel véhicule mais payant tant les paysages sont beaux. Pour la première fois depuis le début du séjour, nous traversons les forêts et les vallées dont les photos nous faisaient rêver durant la préparation du voyage. Les plaines alternent avec les forêts denses et obscures. Nous longeons des lacs magnifiques. Quelle chance de pouvoir profiter pleinement de ces paysages, d’autant que la vitesse de notre quadricycle nous le permet aisément. A mesure que les paysages défilent, la faune semble aussi se réveiller pour notre plus grand bonheur. Nous observons des rapaces, des oies, des oiseaux… Nous passons à côté d’un troupeau d'étonnants wapitis. Nous avons tout juste le temps de filmer le dernier du troupeau. C’est un spectacle magique. Nous avons le temps de discuter de mille sujets et le fait d’être côte à côte facilite la discussion. JB est spécialisé dans le photo-reportage et Thom maitrise l’itinéraire sur Google Maps à la perfection. Dès que l’un a les mains prises, l’autre tient la barre. C’est l’avantage d’avoir deux guidons. Les américains sont globalement courtois, parfois un peu trop et ils peuvent rester un bon moment derrière la Rosalie sans doubler. Quoique on ne sait pas si c’est par curiosité. L’engin interroge autant qu’il intrigue. Les véhicules sont immenses et très bruyants. C’est l’Amérique. Anecdote : Nous avançons dans la fôret quand retentit un coup de feu géant. Gros coup de massue pour l’équipée qui se rappelle à ce moment là que les fusils sont autorisés dans le Washington State. On se rassure en se disant qu’un Américain chasse le grand coyote ou le redoutable ours noir. Nous gravissons une côte absolument monstrueuse pour arriver à Eatonville. A bout de souffle, nous optons pour un goûter grandement mérité. Bonheur. Après 4 heures de pédalage, nous arrivons près d’un superbe lac et les seuls rayons de soleil de la journée interviennent à ce moment là. C’est incroyable de voir les montagnes couvertes de sapins plonger dans l’eau salmoneuse visiblement très froide. Nous profitons de cette accalmie pour faire les premières images avec le drone. Nous parcourons les 5 derniers kilomètres de la journée jusqu’à Elbe. Cette ville est toute petite (40 habitants pour 18 maisons). Il y a une dizaine de vieux trains convertis en restaurants et hôtels pour les touristes attirés par le Mont Rainier voisin. La bas nous demandons dans un restaurant des conseils pour trouver une chambre chez l’habitant. Sans plus d’information nous partons toquer aux portes en étant toujours plus sélectifs pour les premières maisons que pour les suivantes. Nous tombons sur Nancy, une américaine chef des pompiers du coin qui nous accueille immédiatement et nous précise qu’elle est inscrite sur couch-surfing, le airbnb gratuit pour les voyageurs désireux de rencontrer des locaux en s’invitant sur leur canapé. Nancy nous présente son chien Roscoe, un adorable Beagle. JB est convaincu par cette race de chien. Nancy nous propose que nous cuisinions pour notre diner. Sans nous faire prier nous partons sur une poëlée maison composée de poulet, carrotes, champignons et asperges arrosée de crème lourde et le tout accompagné de riz. Sel. Poivre. Feuilles de basilic frais. Un délice. Nancy nous explique comment éteindre un feu de forêt grâce aux cartes de la région. Nous saurons désormais réagir. Nous nous couchons sereins dans la chambre d’amis. Encore très fatigués mais heureux de s'être autant donnés aujourd'hui. ![]() VENDREDI 13 AVRIL Ce matin, on ne va pas se mentir, on a profité du lit et on s’est réveillés à 10h. Roscoe, le chien de Nancy est venu dans notre lit pour nous dire bonjour. On a pris le temps de prendre un bon petit déjeuner à base d’œufs et de café. La pluie dehors ne nous pousse en aucun cas à plier bagage. On finit par sortir de la maisonnette de Nancy à 12h et on donne un coup de polish sur la Rosalie. Les pédales de Thom ont besoin d’être revissées, les pneus regonflés et la plaque d’immatriculation attachée à l’arrière de notre véhicule nous donne un style plus local. L’heure du départ sonne enfin et c’est à ce moment-là que la pluie s’accentue. Le vent est si fort que nous ôtons le toit. Nous n’avons pas internet et donc aucune idée du dénivelé qui nous attend ni de la distance à parcourir jusqu’à la prochaine ville. Nous filons donc vers l’inconnu sous une pluie glaciale et torrentielle. Après une heure de pédalage, nous commençons à nous poser des questions. De toute façon, nous n’avons pas le choix, il faut continuer et tracer la route pour se réfugier dans un café. Sur la première partie de trajet nous accusons le coup sur quelques montées mesquines mais au bout de 10kms, on a l’impression d’être arrivé en haut du Ventoux. C’est parti pour une descente géante. Nous apercevons des panneaux sur le bord de la route affichant 10 miles, puis 9 miles, puis 8 etc… Nous en concluons que c’est la distance jusqu’à la prochaine ville. Les pieds et les mains gelés nous filons à près de 30km/h. Nous explosons notre record avec un magnifique 45,9km/h officialisé par les deux arbitres français Noslier et Martinon ainsi que par notre compteur Btwin. Petite joie sur la Rosalie, presque de quoi oublier le temps digne d’une tempête bretonne. Pour nos Mamans qui nous lisent, ne vous inquiétez pas, on est toujours très voire trop prudent. ![]() Finalement, après 27km de lutte nous arrivons à Morton et nous nous arrêtons dans le premier café venu. Ici nous lançons un petit live Instagram histoire de partager nos aventures avec les couche-tard. ![]() Nous y passons littéralement toute l’après-midi, pieds nus, à y faire sécher nos affaires, déjeuner, alimenter notre blog, discuter avec les habitués, donner des nouvelles à nos proches et nous renseigner sur les possibilités de logements, goûter. Bref, ce Rivers café se convertit en un lieu de vie chaleureux pour la fine équipée que nous sommes tandis que la Rosalie attend sagement dehors. Vers 19h, la nuit tombant, JB file chercher un toit pour la nuit, les requêtes émises dans le bar n’ayant pas abouti. BINGO dès la première maison. PETITS CONSEILS POUR TROUVER UN TOIT EN AMÉRIQUE -Sélectionner la plus belle maison du coin -Se recoiffer et garer la Rosalie poliment devant le jardin -Toquer minutieusement, ni trop fort, ni pas assez fort - Dès que la porte s’ouvre : grand SOURIRE - Exemple de discours à tenir si ça correspond à votre trip: « Hi, we are actually two French guys riding all the way down from Seattle to San Diego during 3 months and a half. Our vehicle, as you can see, is not a classic bike but two tandem bikes set side by side with a nice roof. As we try to sleep to people’s home everynight, we were wondering if there is any spare room for us tonight in your home ? SOURIRE - Dire oui à tout ce que propose la personne (voir théorie du pied dans la porte ci-après), que tout sera parfait et que vous êtes de Paris. - Généralement, l’interlocuteur répond : “OHHH Paris, my favorite city in the world” - A partir de ce moment-là, c’est gagné. Démarre alors ce que JB appelle la théorie du pied dans la porte : on démarre avec un bout de moquette dans le garage. Au fur et à mesure que nos hôtes discutent avec nous, un lien se tisse et ils se sentent mal à l’aise de nous laisser ainsi. Généralement un lit de camp ou une chambre apparait par miracle, les oreillers sortent des placards, les frigos se vident au profit de nos assiettes, les bières de l’amitié coulent à flot. C’est l’illustration parfaite de l’expression « From rags to riches » JB vient chercher Thom au bar pour lui annoncer que le saumon a mordu à l’hameçon. Entre temps Thom a trouvé un bon contact qui pourrait nous héberger via ses grands parents : Kameron. Elle est visiblement alcoolisée et nous nous réjouissons de filer chez notre couple de saumon. Avant de quitter le bar, un jeune homme interpelle JB et lui dit : « Hey just wanted to tell you that you’re a beautiful man ». Moment extrêmement gênant suite auquel il ajoute : « And you’re bike is cool also ». JB le remercie prudemment et nous filons à l’italienne. Nous nous installons alors chez Jay et Kip qui sont très sympathiques. Jay est coach de baseball à Mossyrock et Kip est professeure dans l’école voisine depuis 32 ans. Nous passons une belle soirée à parler baseball, éducation et à savourer une bonne salade méditerranéenne et une bonne Corona pas typique du coin. Petit moment sympathique quand nous réalisons que Kip et Nancy sont amies. Le monde est petit décidemment. On se couche sur de délicieux lits de camp dans la salle des trophées de Jay qui sert aussi visiblement de salle de sport. Encore bien fatigués de la journée mais toujours plus heureux ! SAMEDI 14 AVRIL Après une belle nuit emmitouflés dans nos sacs de couchage nous avons le plaisir de prendre notre petit déjeuner en compagnie de Kip : banane, café, donuts, breakfast of champions ! Après un regard craintif par la fenêtre, nous concluons que la météo du jour s’annonce similaire à celle des durs jours précédents : froid, pluie et vent. Nous décidons de nous équiper en conséquence : rosalie cabriolet pour défier les sournoises rafales, gants et tissus technique. Pour éviter que nos pieds se retransforment en glace carte d’or dès les premiers kilomètres nous optons pour une ingénieuse stratégie labellisée « pioneering spirit » : envelopper nos chaussures de sacs poubelle et de scotch (voir photo ci-dessus). Pratique, esthétique et unique ! Le graphique ci-dessous vous explique l’impact du sac poubelle sur le gel des pieds : Nous nous arrêtons après 40 kms chez Belley's Place, une petite cabane en bord de route dans laquelle nous passons un super moment. Nous y savourons soupe, salade et burger couronnés en fin de repas par un cheesecake Raspberry. ![]() Après ce déjeuner convivial et chaleureux dans cette cabane, nous nous réjouissons à l’idée de n’avoir que 15kms a parcourir cet après-midi. En plus, nous avons la bonne surprise de voir sur le GPS qu’il n’y a que de la descente jusqu’à la ville de Toledo, ou du moins du faux plat descendant. Ce sont a priori les 15 kilomètres que nous mettons le plus de temps à parcourir depuis le début du séjour. Nous rigolons, nous nous charrions. A un moment Thom tente de lancer une grande baston contre JB. Thom s’éjecte alors de la Rosalie et jette ses gants par terre comme le font les joueurs de Hockey quand ils veulent se battre. Sauf que JB, hilare, refuse l’affrontement et file a pleine allure sur la Rosalie sans Thomas. Véloce, Thom parvient à monter sur la Rosalie sur la selle arrière droite, derrière JB. A notre grande surprise, la Rosalie part sur un ride de plusieurs mètres sur les deux roues de droite. Nous sommes alors en équilibre au-dessus du fossé. Un bon coup de bassin de notre part permet de rétablir la situation inconfortable. Derrière dans une voiture, des américains rigolent et habitués des cars shows ils apprécient la technicité de notre figure. Un chien lance une grande course poursuite derrière nous, on en réchappe de justesse. Nous arrivons près d’un aérodrome et voyons une pub pour du parachutisme. Nous nous aventurons dans les hangars, regardons les avions, rencontrons un jeune pilote qui traine là malgré la pluie. Il nous dit que c’est râpé pour aujourd’hui à cause des conditions mais nous explique comment fonctionne un avion. On ne mérite pas le brevet de pilote mais presque. On arrive enfin à Toledo vers 17h. Là on se renseigne chez Betty’s Place (ndlr : le petit resto qui fait le meilleur burger du coin apparement) pour trouver une maison. Ils nous indiquent le Morgan Art Center en haut de la ville où le couple est très accueillant. Nous y filons sans plus attendre et leur réputation se confirme, ils nous accueillent pour la nuit avec plaisir et nous proposent de nous installer dans le Art Center. Après une douche à l’américaine (torse nu avec un lavabo) nous sommes conviés à participer à la réunion de préparation du festival cheese days. Un festival qui allie dégustation de fromage et storytelling autour de la légende du Big Foot, yéti géant provenant de Toledo. Il se tiendra en juillet pour ceux qui passeront à Toledo en juillet. Le bigfoot ou sasquatch est une créature légendaire qui vivrait au Canada et aux États-Unis. Le nom bigfoot (« grand pied » en anglais) lui a été donné par les premiers colons lors de la conquête de l'Ouest, du fait de sa grande taille présumée et surtout des empreintes gigantesques qu'il laisserait après son passage. Cet être humanoïde occuperait principalement les grandes chaînes de montagnes (Adirondacks, Rocheuses, Appalaches) ainsi que les régions très boisées et faiblement peuplées par l'homme (les Everglades). Le nom sasquatch vient de l'halkomelem, « géant velu». Le terme amérindien « sasquatch » est plus utilisé au Canada tandis qu'aux États-Unis et en Europe le terme « bigfoot » lui est préféré. Ces êtres sont généralement décrits comme étant des hominidés. L'absence persistante de preuve matérielle de son existence conduit toutefois la plupart des scientifiques à les considérer comme relevant du folklore. Cette réunion dure deux heures et nous n’y trouvons absolument pas notre place mais nous nous amusons de voir 25 personnes parler de monstre et de fromage. Ils parlent de financement, de programme, de jeux, de visuels, de livres… Chaque participant apporte quelque chose à déguster et nous sommes invités à partager ce repas. Après la réunion nous discutons avec Mike et Diana puis nous reprenons notre blog et nous nous couchons par terre sur le parquet du Art Center de Toledo. On a vu mieux mais on verra pire! Bonne nuit ! DIMANCHE 15 AVRIL Il est 9h30 quand nous nous réveillons tranquillement sur notre parquet boisé. Mike passe nous voir à 10h pour nous proposer de nous joindre à eux pour un petit déjeuner d'une grande qualité. Nous discutons de leurs activités de retraités artistes, des voyages qu'ils ont effectués en Europe, des problèmes politiques aux USA, de la petite ville de Toledo qui est un fief Républicain au cœur d'un Etat ouvertement démocrate comme tous ceux de la côte ouest. Après un bon moment partagé autour de pancakes, de bacon, d’œufs et de confiture maison nous retournons dans le art centre pour taper le blog, faire un petit live Instagram et nous laver. Conscients que le pluie ne s'arretera pas aujourd'hui, nous levons le camp à 15h30. Nous avons 40 kms à pédaler aujourd'hui pour atteindre la ville de Longview. En partant nous passons visiter la petite galerie d'art que les Morgans tiennent en ville. Beaucoup de petits objets de fabrication artisanale. Sur un mur de la ville, ils ont peint une belle fresque. Nous prenons la flotte comme elle vient : froide et pénétrante. JB la joue double collants pour deux fois plus de protection au niveau des jambes. Thom fait l'erreur stratégique de partir avec des mitaines pour pouvoir utiliser son GSM comme GPS : le gel des phalanges est inévitable dès les premiers kilomètres. Après 3 heures de pédalage sur des routes relativement plates, nous arrivons enfin à Longview dans une très moche zone commerciale. Affamés et gelés, nous nous arrêtons dans une sorte de taverne qui s'avère être un bar crapuleux rempli d'alcooliques bruyants. Nous y commandons un COBB Burger, facon thai. Si Thom sait l'apprécier malgré l'épice bien présente, JB le classe immédiatement en tête des burgers goûtés sur le territoire américain jusqu'alors. Nous nous échappons de ce bar pour trouver au plus vite refuge chez l'habitant. On sent très vite que que ça va sentir le sapin. On est très sélectifs au départ. On choisi les belles maisons, bien tenues, spacieuses... Les NON s’enchaînent, nos critères de sélection diminuent, les habitants ne sont vraiment pas accueillants dans cette ville que nous n'avons plus peur de qualifier de ville nulle. Après deux heures passées à chercher refuge dans le froid et plus de 25 maisons visitées, nous nous replions sur le plan motel de bord de route. (photo ci-dessous non contractuelle - temps pourri) Thom nous trouve un bon plan : une chambre avec deux lits queen size pour 82$ TTC. Pourquoi choisir celui-ci plutôt qu'un autre ? il y a un jacuzzi, une piscine et le petit déjeuner est inclus. Nous fonçons nous y abriter. Après avoir solidement attaché la Rosalie dehors, nous enfilons nos maillots de bains et filons dans le jacuzzi. CONFORT mérité. Nous finissons la soirée sur nos lits respectifs, presque nostalgiques de ne pas partager le même matelas. Cette chambre nous rappelle étrangement celle du Red Roof Inn où nous avons passé notre première nuit. Dodo encore une fois bien mérité! LUNDI 16 AVRIL Nous nous réveillons tranquillement vers 8h30 histoire de rentabiliser le petit déjeuner qui n'est servi que jusqu'à 9h30. Ce petit déjeuner typiquement américain nous régale de ses gaufres, œufs, saucisses, jus d'orange, confiture, café... Nous sommes bien contents de pouvoir démarrer la journée de cette manière. Le fait d'avoir une chambre avec deux lits est un vrai bonus pour nous. Après le petit déjeuner nous passons des coups de téléphone à nos proches pour les tenir au courant de nos pérégrinations et prendre de leurs nouvelles, nous tapons le blog et nous cherchons sur l'outil internet des activités à faire pour la journée car nous ne devons pas avancer trop vite sinon nous serons à Portland trop tôt. Thom nous trouve un bon plan bowling dans une zone commerciale typiquement Nord-Américaine. Après le check-out à midi, nous filons dans en Rosalie en direction de ce lieu de loisir. Histoire de nous fondre parmi les Américains, nous démarrons l'après-midi par une pizza chez Domino's Pizza. Formule Pizza Large à 7,99$ avec 3 toppings. Thom se penche vers une capriciosa en ajoutant des champignons, de la tomate et du jambon. Fidèle à ses convictions, JB reste du côté de la Diavola en optant pour l'oignon, les champignons et le peperonni. Ces pizzas sont bien trop grandes, nous en laissons la moitié chacun (vous verrez par la suite que ces parts vont nous sauver la vie). Nous passons donc les portes du bowling avec notre carton de pizza. La première partie permet à JB de se régler et à Thomas d'ajuster son strike. La deuxième partie sera sans pitié pour Thomas, qui aurait été chassé de l'ESSEC Bowling Team avec un score inférieur à la barre significative de 100. Friands de jeux en tout genre, nous nous installons sur le Space Invader en duo. Thom reprend des couleurs et JB prend l'eau. Ce jeu interdit aux épileptiques semble correspondre au bon Thomas. Les jeux s’enchaînent, on se tire la bourre dans la joie et la bonne humeur. On essaye de partir mais il pleut énormément. Nous patientons avec un grand Mario Kart qui rappelle les années gamecube. Finalement, nous prenons le départ vers 16h30 pour rejoindre le petit village de Goble en Oregon. C'est parti pour 20km. Au début tout se passe bien, avec un temps dégagé et des routes larges. Nous passons la Colombia river et arrivons ainsi en Oregon. JOIE. Jusqu'à ce que la pluie se remette à tomber de plus belle. TRISTESSE. Après 20kms avalés rapidement nous arrivons à GOBLE plein d'espoir de retrouver l'hospitalité que nous n'avons pas ressentie à Longview. La première maison nous refuse mais semble sympathique. C'est rassurant. Nous toquons à une deuxième porte, une dame âgée ouvre et nous accepte chez elle. Elle nous propose de vivre avec elle la pauvreté en Oregon et nous précise que si on fait un pas de travers elle prendra son gun et n'hésitera pas une seconde à tirer. Nous déclinons donc naturellement l'invitation et poursuivons nos recherches. Ce village dans lequel nous avions placé plein d'espoir s'avère être un bastion de conservateurs plus qu'inhospitaliers. D'ordinaire les gens ne peuvent pas nous accueillir pour de bonnes raisons. Là ils ne veulent pas nous accueillir par conviction. Leurs propriétés, bien que globalement très mal tenues et sales, semblent être des lieux sacrés à leurs yeux. Avant que la nuit tombe, nous tombons sur une famille un peu moins radicale qui accepte que nous plantions notre tente sous la pluie dans le jardin, le plus loin possible de leur maison. Notre hôte finit par nous proposer de nous installer dans le van à chevaux qui est planté au fond du jardin. Par soucis d'étanchéité nous acceptons et y installons tant bien que mal la tente. Notre campement n'est pas beau à voir mais il fera tout à fait l'affaire pour la nuit. La femme de notre hôte nous offre des cookies maison. ![]() Nous nous enfermons au plus vite dans la tente pour grignoter les restes de pizza, un muffin et les cookies offerts. Nous lisons un peu et nous nous couchons à 22h, serrés l'un contre l'autre. JB applique les méthodes acquises durant ses années de scoutisme: prendre toutes les affaires de son sac pour les mettre sous lui et en faire un matelas isolant. Stratégie qui s'avère payante. Thomas quant à lui bénéficie de l’atout technique que constitue le demi-matelas gonflable qu'il a apporté. Nous sommes invités par le propriétaire à quitter les lieux avant 7h30. Nous ne nous faisons pas prier. DODO. MARDI 17 AVRIL Réveil à 6h30 après une nuit frugale mais plutôt correcte. Il fait froid dans notre carriole à chevaux. Nous ne mettons pas longtemps à lever le camp. La bonne surprise de la matinée c'est qu'il fait beau, ENFIN!! Nous avons 20kms à pédaler avant Saint Helens où nous rejoint le copain Jérémie Mélis qui vient passer 6 jours avec l'équipe de la Quatrième Roue du Carrosse. Étant en échange à Toronto, le transfert est facile voire évident. Nous arrivons raffraichis au Starbucks de Saint Helens où nous nous installons avec toutes nos affaires pour nous poser, prendre un bon petit déjeuner bien mérité et attendre gentiment Jérémie qui arrive de l'aéroport en stop. Ce premier Starbucks du séjour est un bijou de confort et de chill ! On nous glisse dans l'oreillette que Henri d'Autichamp rend de précieux services à la Quatrième Roue du Carrosse en livrant des colis (vous verrez par la suite qu'il va encore rendre de précieux services). On le remercie chaleureusement. Après avoir passé 5 belles heures au Starbucks, nous retrouvons Jérémie qui a vécu une véritable épopée pour nous rejoindre. Il est finalement arrivé à 14h30. Nous discutons pour rattraper ces mois passés à distance d’un bon copain. En regardant les alentours de la ville de Saint Helens, nous concluons que passer l’après-midi ici n’est pas la solution et nous décidons de filer directement vers Portland pour profiter un jour de plus de cette belle ville. Comme trois joyeux lurons, nous partons sur la Rosalie bien chargée qui toussote mais qui tient bien le coup. C’est très excitant de vivre enfin un voyage avec 3 personnes à bord. La convivialité se révèle alors au grand jour. Les deux pilotes à l’avant lancent les sujets discussions et le garcon sur la banquette arrière tente de capter des mots clés pour se réintroduire dans la discussion. Le compteur affiche de très belles vitesses situées autour de 25km/h. Nous avalons les 46 km qui séparent Saint Helens de Portland. A noter quand même que la vélocité du véhicule entraîne des petites frayeurs pour l’équipée. Le poids total chargé de la Rosalie est de 340 kgs, un beau bébé. Après avoir laissé passer un train immensément long à l’entrée de Portland (attente d’environ 25 minutes), nous filons vers notre lieu de résidence, Motel 6 Downtown. Arrivés au motel (celui où nous resterons jusqu’à lundi, jour de notre départ), nous devons démonter la Rosalie pour la faire rentrer dans notre chambre. Nous retroussons nos manches et nous commençons à dévisser les barres qui relient les deux tandems. Tout va bien jusqu’à ce qu’une barre tombe par terre à cause d’une visserie littéralement cassée. HORREUR. Celle de droite est cassée. Nous essayons d’analyser les raisons de cette déconvenue. Les hypothèses vont bon train et nous en concluons que la Rosalie subie tellement de pressions et de secousses que la barre a fini par céder. Conscients que nous avons très peu de temps pour réagir (premières interviews prévue vendredi matin) nous cherchons des solutions : faire ressouder la barre à Portland, racheter le matériel nécessaire à Portland et trouver le cousin de Gégé sur place pour nous fabriquer la petite sœur de la barre ou appeler en urgence Alexandre qui part après demain pour qu’il file à Cergy, achète le matériel nécessaire et aille trouver de l’aide auprès du vrai et unique Gégé pour retravailler ces nouvelles barres en urgence. Par soucis d’économie, de sécurité et de temps, nous optons pour la troisième solution. Nous écrivons alors un mail très détaillé à Alex pour expliquer précisément la situation. Nous allons ensuite dîner au Little Big Burger pour oublier cette mauvaise nouvelle et fêter notre arrivée à Portland. Au retour, JB passe un coup de file à Gégé qui vient d’arriver à l’ESSEC (un avantage du décalage horaire). Gégé hallucine qu’une barre qu’il qualifiait d’incassable ait cassé. Il accepte sa mission de super héros et précise qu’Alex doit pour cela lui apporter tout le matériel nécessaire avant midi. Course contre la montre. Nous appelons 6 fois Alex avant qu’il ne réponde et le missionnons avec une belle liste de course. Ce plan foireux à la veille du départ lui convient à merveille.
Nous nous couchons en attendant de ses nouvelles, les portables restent allumés pour répondre aux urgences! On croise les doigts. DODO mérité après une journée qui a démarré à 6h30 du matin dans un VAN à chevaux et qui termine dans un motel crapuleux. On savait qu'on aurait des déconvenues, en voici une que nous allons gérer de notre mieux.
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Alex, Thom et Jb sont heureux de vous faire partager leurs aventures sur la côte ouest des Etats UnisClick here to edit. Archives
July 2018
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